Harry Pettit

 

            « lorsque j’ai été amené vers le lancastria, comme bien d’autres, on nous montés à bord et dit de descendre dans les étages inférieurs, plus bas, ce que j’ai fait. Il n’y avait pas de chambre ou quoi que ce soit, ils étaient tassés comme des sardines…. Alors je suis monté sur le pont principal et me suis allongé dans un coin à l’écart, pensais-je. Je suis resté là jusqu’à ce que l’on reçoive l’ordre de descendre dans les niveaux inférieurs. Tout le pont supérieur était dégagé, en raison des avions qui pouvaient arriver.

 

            Et j’ai vu les avions allemands arriver, je les ai vu attaquer l’Oronsay, un autre paquebot qui n’était pas loin de nous. J’ai vu les bombes percuter la passerelle, j’ai vu les éclairs des bombes, et je me suis dit : alors,ça y est ! nous sommes les prochains ! On est là assis, mais ils vont revenir dans un instant, et ça sera pour nous ! 

 

Harry est à la poupe, près des hélices du navire retourné, seul un tiers du Lancastria est encore visible. Des centaines de personnes ne sachant pas nager se sont regroupées sur les derniers mètres carrés de la coque du bateau. L’heure n’est plus à la panique …. Leur sort est scellé …. Certains se mettent à chanter…

 

A ce moment là, j’ai su que c’était vrai, que ce n’était pas un rêve. Et j’ai sauté à l’eau.. mais là a ma grande surprise, je suis descendu droit dans l’eau.. je ne restais pas à la surface de l’eau, je descendais !!! et j’ai réalisé que je devais être aspiré vers le fond par le bateau qui coulait… quand j’ai sauté, il restait un quart du navire mais là, je descendais, je descendais, je descendais, et j’étais convaincu que j’allais mourir… la douleur dans le corps était terrible, j’avais les tympans éclatés… j’avais mal dans tout le corps et je pensais : vite ! vite ! je ne peux rien endurer de plus ! et je me suis dit j’allais exploser à cause de cette pression qui m’étreignait…

 

Et puis mon corps s’est arrêté, tout doucement.  Et soudain : hop ! il est remonté comme un bouchon que l’on relâche sous l’eau … Et rapidement j’ai atteint la surface de l’eau. Il y avait du pétrole partout sur l’eau, ce pétrole très épais et progressivement, il s’étalait, se répandait, toujours plus épais….J’avais du pétrole partout sur le corps ! et à côté de ça, il y avait des débris en vrac, il y avait des corps, morts, d’autres vivants, même aussi des morceaux de corps….. il y avait des gars qui hurlaient au secours, il y en avait d’autres qui se battaient….

 

Et puis je me suis peu à peu accroché à ce qu’il y avait devant moi. Et je me suis dit : je sais que ja vais mourir mais je continuerai aussi longtemps que possible ! »

Et Harry fut sauvé

 

Sauvé par une des embarcations qui se frayaient un chemin dans l’eau mazoutée à la recherche des survivants. Ces embarcations étaient souvent celles là même qui avaient participé  à l’embarquement des troupes sur l’Oronsay et le Lancastria. Des navires de guerre britanniques, mais aussi des chalutiers, des remorqueurs français comme l’Ursus, le Titan ou le Minotaure.

 

Venus de la côte également : le coleman, canot de sauvetage du Pouliguen, le bateau pilote la Lambarde, le baliseur Paul Leferme…..