Témoignage de Madame Le Berre

 Par cette belle journée du 17 juin 1940, je me promenais avec une amie sur le bord de mer à La Baule, le temps était magnifique, déjà nous entendions des avions survoler la région. Lors de notre promenade nous apercevions un gros navire et curieusement  nous nous demandions si ce navire entrait au port de Saint-Nazaire ou en sortait, pour le savoir nous prenions l’îlot de Pierre Percée comme repère. Nous observions, suivant ce repère, le mouvement de ce navire et d’un coup plus rien uniquement de la fumée, en 10 minutes pas plus et il n’y avait plus de bateau c’était incroyable aussi vite que je vous le dis. Ensuite je repartais prendre mon travail à la librairie Parisienne avenue de la gare (actuellement avenue de La Baule).

 Cette tragédie du Lancastria n’était pas parvenue jusqu’à nous. Ce fut au mois de juillet lors d’une grosse tempête que l’on a fait le rapprochement.

A 9h du matin je me rendais à mon travail, je passais le long de la plage, la mer était déchaînée, dans l’écume on apercevait de grosses masses noires, il y en avait partout sur la plage. Intriguées mon amie et moi décidions de descendre de vélo et nous nous dirigions sur la plage pour distinguer de plus prêt ces masses, qu’elle ne fut pas notre surprise de réaliser que c’était des corps humains, c’était affreux. C’est là que nous établissions le rapprochement avec ce navire du  17 juin 1940,  le nom de ce navire était le Lancastria.

 Le midi en sortant du travail pour rejoindre mon domicile, je longeais la plage de La Baule, de nombreux corps s’échouaient sur le sable. Les allemands étaient présents sur la plage, j’en ai vu qui donnaient des coups de pieds dans les corps, c’était horrible. 65 ans après je revois ces images comme si c’était hier, on ne peut pas oublier ces moments.

 Ensuite arrivaient 4 années de malheur.

 Mon mari travaillait à La Baule, à la pharmacie Jaouen et c’est la fille du patron qui s’est chargée de la construction du cimetière des anglais, j’y suis moi même allée entretenir les tombes, les allemands nous laissaient travailler.

 

Mme Le Berre