Témoignage de Monsieur  François Marc reçu par son petit fils le 1 août 2005

 

En 1940 François âgé de 15 ans était mousse sur le remorqueur de haute mer « le Minautore »  ce remorqueur ainsi que l’Ursus et le Titan étaient de la compagnie Transat, tout les trois étaient à Saint-Nazaire le 17 juin 1940 . François était à proximité lors du naufrage du Lancastria, cette tragédie resta gravée dans sa mémoire pour le restant de sa vie .

 Il raconte : « J'avais 15 ans et j'étais mousse sur un remorqueur de haute mer, Le Minotaure, de la Compagnie générale transatlantique. À bord, nous avions embarqué dans nos cales à l'avant, une partie de l'or de la Banque de France en lingots et Louis d'or avec l'aide de l'armée de terre française. Tout était sous scellés. Nous sommes partis du Havre où les docks étaient en feu. Direction Saint-Nazaire. C'est là qu'a eu lieu le drame, en ce 17 juin. Nous faisions le transport entre le quai et le paquebot Lancastria. Entre 600 et 700 soldats anglais étaient sur notre bateau. Certains n'étaient pas très fiers et avaient pris nos bouées de sauvetage, nos gilets. Moi-même, je ne savais pas nager. On les a débarqués sur le paquebot. Alors qu'on s'éloignait, j'ai regardé en l'air. J'ai vu un avion. Puis, deux bombes qui en sont sorties. Je ne les ai pas aperçues longtemps dans le ciel, juste lorsqu'elles étaient à l'horizontale. Après, elles ont atteint leur objectif. C'était horrible. Il y avait le feu, des explosions

Le bateau a commencé à piquer  du nez. Après, il est revenu un peu à l’horizontale
avant de partir sur le côté puis de s’enfoncer.

Les Anglais qui n'ont pas pu s'éloigner assez vite ont été aspirés par le tourbillon provoqué dans l'eau par le navire qui coulait. On a parlé de 3 000 morts mais on ne sait même pas combien de personnes étaient sur Lancastria. Il faut bien se dire que c'était la débâcle et que c'était à qui arriverait à bord. On ne comptait pas, on embarquait tant qu'il y avait de la place. Moi je pense qu'il y avait même plus de monde que cela. Il paraît, ensuite, que l'avion a été abattu plus loin. Personnellement, je n'en ai pas été témoin. Notre capitaine a demandé de mettre nos deux chaloupes à la mer pour tenter de repêcher des rescapés. Mais les survivants étaient tous grièvement brûlés. C'était terrible. Dantesque. En une demi-heure, tout était fini. Dans la nuit suivante, nous sommes descendus sur Bordeaux où nous étions attendus par ce qu'il restait de l'armée pour débarquer l'or. Ensuite, nous avons lancé à l'eau toutes les armes que les Anglais avaient laissées sur notre remorqueur dans leurs précipitations. Il ne fallait surtout pas laissé de trace. Bien nous en a pris. Quelque temps après, les Allemands sont arrivés. Une voiture d'abord d'où les hommes nous ont intimé l'ordre de mettre notre drapeau français en berne. Et de le remplacer par une bannière blanche. Ensuite, on a entendu d'autres troupes d'occupation arriver. Elles étaient dans Bordeaux... »